Constellations est l’un des organes de visibilité du programme de résidences scientifiques de l’ISELP. Les chercheur·euse·s y partagent leurs préoccupations, leurs questionnements, leurs influences et leurs modes d’investigation. À travers une constellation de pistes de réflexion et de références bien personnelles, ils restituent leur cheminement de pensée et nous informent sur le monde dans lequel on vit.
Première chercheuse accueillie à l’ISELP dans le contexte du programme de résidences scientifiques, Lyse Vancampenhoudt présente le résultat des recherches qui l’ont occupée entre septembre 2020 et février 2021. Elle raconte comment la remise en question de la filiation androcentrée Magritte-Broodthaers-Dotremont lui a permis de comprendre certains mécanismes d’invisibilisation des artistes-femmes advenus au cours du XXe siècle, et de retrouver la trace de certaines d’entre elles, dont Anna Staritsky, Maryvonne Collot, Cécile Miguel, Yvonne van Ginneken et Suzy Embo.
Dans le contexte de ce podcast, Iris Lafon explique les liens qu’elle fait entre les communautés geek, les plates-formes du numérique et l’art contemporain. Elle synthétise l’objet des recherches qui l’ont occupée durant sa résidence scientifique à l’ISELP : les récits et les métaphores véhiculées par les stratégies de communication des grandes plates-formes du numérique (Apple, Facebook, Microsoft, etc.), à travers des codes et des langages empruntés à la science-fiction et au monde de l’art. Cet examen lui permet aujourd’hui de confirmer son hypothèse initiale selon laquelle les plates-formes du numérique sabotent volontairement une curiosité et un savoir scientifiques permettant de comprendre le fonctionnement matériel et immatériel d’internet.
𝗜𝗿𝗶𝘀 𝗟𝗮𝗳𝗼𝗻 est commissaire d’exposition indépendante et chercheuse en histoire de l’art contemporain, rattachée au Centre Chastel (Université Paris 4 Sorbonne). Elle développe un champ de recherche explorant les communautés geek et l’archéologie des médias liés à la science-fiction. Sa thèse de doctorat porte sur les dispositifs de monstration et de diffusion des œuvres (catalogues d’exposition, cartons de vernissage etc.).
Jean-Baptiste Molina recourt au prisme des sciences sociales pour étudier les rituels dans les pratiques artistiques militantes, voire activistes. Dans le contexte de sa résidence à l’ISELP, il a cerné leurs modes de fonctionnement et leur « efficacité symbolique » grâce à une étude auto-ethnographique réalisée avec des membres de son collectif Désorceler la finance et la Cellule d’Actions Rituelles. Cette étude lui permet aujourd’hui d’expliquer le pouvoir du récit dans la création de nouvelles croyances et, par extension, de nouvelles manières d’être au monde.
Anthropologue et agroécologue de formation, 𝗝𝗲𝗮𝗻-𝗕𝗮𝗽𝘁𝗶𝘀𝘁𝗲 𝗠𝗼𝗹𝗶𝗻𝗮 développe un champ de recherche transdisciplinaire mêlant pratiques scientifiques, spirituelles, artistiques et activistes. Œuvrant essentiellement en collectifs, il a intégré le laboratoire sauvage de recherche Désorceler la finance et co-fondé le non-programme de recherche et de création transdiscipinaire ɴon-ᴀ (2019).
Dans le contexte de ce podcast, Clémentine Davin présente les premiers résultats de son étude sur la notion d’émergence telle qu’elle est envisagée dans le contexte de la pratique plasticienne en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle trace un portrait du milieu artistique grâce à son analyse des appels de dossiers publics liés aux prix, aux bourses et aux résidences à destination des artistes, ainsi qu’à des entretiens avec des professionnel·le·s qui travaillent en lien avec ces programmes. Plus largement, cela lui permet d’aborder les implications sociétales, économiques et politiques liées au statut de l’artiste.
La chercheuse présente également la troisième étape de sa recherche, en cours, qui consiste en une enquête dédiée aux plasticiens et plasticiennes. Toujours dans la perspective de son étude, cette enquête lui permettra de dresser un panorama anonymisé de l’hétérogénéité des parcours de vie et de carrière des artistes vivant en Fédération Wallonie-Bruxelles. L’objectif étant, in fine, de proposer une définition de l’émergence qui corresponde aux réalités du secteur.
Historienne de l’art, auteure et chercheuse en art contemporain, Clémentine Davin (1985, Lyon) assiste des personnalités du milieu artistique, réalise des missions de recherche et d’écriture pour le compte d’associations, d’entreprises et d’institutions belges et françaises. Nouvellement administratrice de la Fédération des Arts Plastiques (La FAP), elle publie régulièrement des critiques d’art dans l’art même et Flux News Magazine.
Historienne de l’art et curatrice, Olivia Ardui traite de son état des lieux sur les incursions de la fiction, de la fabulation et de la spéculation dans le travail de commissaires d’exposition depuis les années 1960. Elle oscille entre ses parcours personnel et professionnel en détaillant les références théoriques qui ont infusé son identité biculturelle et sa pensée d’historienne de l’art. Ce faisant, elle traite de sa propre pratique de commissaire d’exposition et, plus précisément, de son projet de recherche, d’édition et d’exposition intitulé 𝘉𝘰𝘶𝘭𝘦𝘷𝘢𝘳𝘥 𝘑𝘢𝘤𝘲𝘮𝘢𝘪𝘯. Dans ce contexte, la fiction viendra du roman éponyme d’Irène Hamoir, une figure importante du mouvement surréaliste belge.
La performativité et les intersections entre arts visuels et vivants sont au centre de la pratique d’Olivia Ardui. Elle a travaillé comme curatrice au Musée d’Art de São Paulo, à l’Institut Tomie Ohtake et a intégré l’équipe curatoriale de la 12e Biennale de Cuenca en Équateur. Elle travaille actuellement comme assistante au département d’histoire de l’art de l’UCLouvain tout en développant des projets indépendants.
Dans le secret du « ranch » qu’il s’était construit en lisière du Vieux-Lille, Jean Smilowski a traversé quatre décennies. C’est là, dans la pénombre et l’humidité, qu’il a peint et bricolé, brossant pour lui-même des portraits de grands hommes, des scènes de batailles copiées de livres d’histoire et des rêves de pays lointains.
40 ans après la démolition du « ranch », que reste-t-il du Robinson du Vieux-Lille ? Louis Émauré, Richard Pereira De Moura et Thomas Picavet ont conclu à l’ISELP une enquête de plusieurs années sur ce logis disparu de cet autodidacte lillois. Dans ce podcast, Louis Émauré revient sur l’enquête qui a permis de proposer une reconstitution du Ranch et donné naissance au numéro pilote d’une toute nouvelle revue, l’HAHA, qui documente des lieux faisant figure d’apax architectural et géographique.
Sur Jean Smilowski et l’HAHA : l-haha.org.
Artiste de formation, dessinateur et constructeur, Louis Émauré s’est progressivement orienté vers un travail de recherche à la croisée de l’histoire de l’art, de l’esthétique et de l’anthropologie matérielle.