Hraun signifie « lave » en islandais. La phonétique du mot suit le même mouvement que son référent : d’abord expulsée, elle file, ondule puis se fige
En Islande, ce matériau est toujours, d’une manière ou d’une autre, sous nos yeux ou à nos pieds. Par endroits faiblement érodés, les champs de lave exercent d’abord un choc d’une telle intensité, que nous nous trouvons dans l’incapacité de verbaliser ce que l’on peut voir, toucher ou éprouver. La première attitude est alors de considérer l’Islande comme l’un des derniers endroits où trouver une « pure » nature.
Plusieurs voyages, de studieux séjours et de nombreuses rencontres sont nécessaires pour aller au-delà des images d’Épinal célébrant cette terre « immaculée ». Au fil d’efforts répétés, de plus satisfaisantes définitions s’agrègent et offrent de nouvelles prises. Il apparaît bientôt que les champs de lave sont faits du matériau « le moins humain qui soit ».
Or, quand on sait à quel point ce que nous appelons « paysage » se trouve enchâssé entre les deux catégories classiques de l’humain et du non-humain, l’Islande devient un milieu de travail particulièrement fécond, car à l’ouverture de cet « entre » paysager.
Cet accrochage évolutif fait écho et alimente le cycle de conférences Qu’avons-nous fait du paysage ? proposé parallèlement par l’artiste.