De longue date, les « gueules noires » et la mine ont suscité l’attention et l’empathie des artistes, en Belgique comme ailleurs en Europe. Ce lien a contribué à façonner les courants esthétiques engagés dans la réalité sociale — réalisme, naturalisme, réalisme socialiste. Des oeuvres de Constantin Meunier à Misère au Borinage de Joris Ivens et Henri Storck, le mineur incarne à la fois le héros des luttes sociales et le martyr de l’exploitation.
Au-delà de la figure humaine, la mine évoque l’extraction de la première ressource énergétique de l’ère industrielle, plaçant son imaginaire au coeur des enjeux écologiques contemporains. Elle renvoie aussi à l’exploitation mondiale d’autres ressources — cuivre, métaux précieux, terres rares — et à la persistance des rapports coloniaux et migratoires.
Ce sont toutes ces portées qu’explorent dans des registres, des temporalités et des médiums différents, les artistes que nous nous proposons d’aborder. Iels se nomment Sammy Baloji, Tatiana Bohm, Barbara Geraci, Mouhcine Rahaoui ou Emmanuel Van der Auwera. Mais on pourrait encore convoquer des figures tutélaires ou emblématiques de la scène internationale tels Wang Bing, Jeremy Deller, Henry Moore ou Bernar Venet.