L’artiste américain Joseph Kosuth, né en 1945, est reconnu comme l’un des pionniers de l’art conceptuel, notamment grâce à son œuvre One and three Chairs, qu’il réalise à l’âge de 20 ans. Valorisant l’art comme langage plutôt que comme esthétique, il privilégie la réflexion à la forme plastique. En ce sens, il était tout désigné pour créer une œuvre pour l’ISELP, dont la création en 1971 accompagnait la nécessité de déconstruire le langage plastique, considéré de la même façon comme langage.
En 1999, l’Institut inaugure ses espaces agrandis au boulevard de Waterloo, dans les anciennes écuries du palais d’Egmont. Pour l’ISELP, qui a fait de l’art public un de ses chevaux de bataille notamment via sa cellule Environnemental, c’est l’occasion d’appliquer le décret du 1% promulgué en 1984 par la communauté française, qui vise à placer des interventions artistiques dans ses bâtiments. Gita Brys-Schatan, fondatrice de l’Institut, contacte Joseph Kosuth. Celui-ci compose une œuvre basée sur 13 citations artistiques provenant de peintres, sculpteurs, écrivains, cinéastes des 19e et 20 e siècles (Georges Braque, André Breton, Luis Bunuel, Marcel Duchamp, Paul Gauguin, Eva Hesse, Jean-Auguste Dominique Ingres, René Magritte, Piet Mondrian, Francis Picabia, Ad Reinhardt, Gertrude Stein, Rebecca West).
Connus ou moins connus, hommes ou femmes, de générations variées malgré une récurrence d’artistes surréalistes, ils.elles se retrouvent dans une interrogation sur le sens de l’art, dont les citations témoignent. S’y lisent des thèmes comme le doute, le débat, le concept. Ce questionnement sur l’art et sa fonction est éminemment pertinent dans un Institut qui fait du débat sur l’art sa fonction première. Il est aussi révélateur d’une époque où l’art se nourrit d’histoire de l’art et prend position par rapport à un héritage laissé par les générations antérieures. Joseph Kosuth dit de son œuvre qu’elle se situe entre les citations, entre les différentes pensées qu’il a compilées.